lundi 16 novembre 2015

Index thématique

Je viens d'ajouter un index thématique de tous les articles de ce blog. Il contient déjà le tout dernier article sur l'identité de particules en physique, et sera mis à jour à chaque nouvelle publication.

dimanche 15 novembre 2015

L'identité des particules en physique

Nous avons vu dans les deux articles précédents que la notion d'identité n'est pas sans poser des difficultés. Est-ce que la statue et le bloc d'argile dont ils sont constitués sont le même objet, alors qu'ils ont des propriétés différentes ? Est-ce qu'un nuage est un objet alors que ses contours sont indéterminés ? Est-ce que l'identité survit quand on remplace certaines parties des objets, ou quand on les désassemble puis les ré-assemble ? Quels sont les objets pertinents de la biologie : les organismes, les groupes d'organismes, ou seulement les gènes ?

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On pourrait être tenté de rejeter ces problèmes d'un revers de la main en se reposant sur un niveau plus fondamental : celui de la physique. Il n'y a peut-être pas "vraiment" d'objets tels que les nuages, les bateaux, les statues, les castors ou les colonies de fourmi : tout ça ne serait qu'une façon de voir utile. En fait, ce qui existerait "vraiment" dans le monde, ce serait des arrangements de particules, des atomes, des molécules, et ces arrangements prendraient parfois pour nous la forme d'être vivants, d'artefact ou de nuages, mais il ne faudrait pas y voir quelque chose de fondamental. Pour savoir ce qui existe dans le monde, il faudrait nous tourner vers la physique : elle seule nous renseignerait sur ce que sont les objets ultimes de la réalité et les lois auxquelles ils obéissent, et le reste, ce serait, disons, de la collection de timbre.

C'est ce qu'on appelle le réductionnisme. Je ne désespère pas d'en parler un jour sur ce blog, mais ce n'est pas l'objet de cet article. Aujourd'hui nous n'allons pas nous demander si tout se réduit à la physique, mais plutôt s'il existe vraiment des objets fondamentaux en physique. Et on va voir que ça n'a rien d'évident, si bien que même si l'on est réductionniste, on n'a pas pour autant sauvé l'idée qu'il existe des objets dotés d'une identité dans le monde.

vendredi 9 octobre 2015

Les individus en biologie

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Nous avons parlé dans le dernier article des problèmes philosophiques liés à la notion d'identité. Pour poursuivre cette thématique, intéressons-nous à la question de l'individualité en biologie.

Les biologistes parlent de toutes sortes d'objets dans leurs disciplines : des organismes vivants, bien sûr, mais aussi des organes, des cellules, des gènes... Ou encore, des populations, des troupeaux, des clades ou espèces, des écosystèmes.

A première vu, le niveau d'organisation principal du vivant semble être celui des organismes. Il semble que les autres entités peuvent être définies soit comme des parties d'organismes, soit comme des groupes d'organismes. Peut-être ces derniers constitueraient donc les individus fondamentaux de la biologie, les autres en dépendant pour leur identité.

Avant de se demander si c'est vraiment le cas, commençons par nous demander ce qu'est un organisme.

mercredi 26 août 2015

Les paradoxes de l'identité

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La notion d'identité, ou d'individu, est assez intuitive et assez centrale dans notre compréhension du monde. Pourrait-on avoir une connaissance du monde si l'on était incapable d'identifier des objets ou des individus persistant dans le temps ? La notion d'identité est centrale y compris en mathématiques : pour compter des objets, il faut déjà pouvoir les identifier... Enfin on se conçoit nous-même comme des individus : d'un jour à l'autre, d'un instant à l'autre, nous sommes toujours la même personne. C'est, semble-t-il, un aspect essentiel de notre expérience.

Pourtant la notion d'identité, aussi importante soit-elle, ne va pas sans poser des difficultés. Sur quoi est-elle fondée exactement ? Qu'est-ce qui fait qu'un objet est le même au cours du temps, quels sont les critères d'identification ? On peut aussi se demander : qu'est-ce qui fait qu'un objet reste le même quand on envisage d'autres mondes possibles ? Si par exemple je dis : "si j'étais riche, j'achèterais un yacht". C'est ce qu'on appelle un énoncé contre-factuel (il envisage une situation qui n'est pas actuelle). Mais on pourrait me répondre : "si tu étais riche, tu ne serais pas la même personne mais quelqu'un d'autre". Étant donné que les énoncés contre-factuels sont très fréquents dans le raisonnement scientifique, cette question a première vue métaphysique a son importance quand il s'agit d'analyser le discours scientifique.

En philosophie, on parle d'individu de manière général pour les objets dotés d'une identité (pas seulement les personnes). Une idée assez intuitive est d'assimiler l'identité des objets concrets à leur constitution matérielle. Ce qui fonde l'individu, c'est ce dont il est constitué : les atomes et molécules qui le composent. Mais différents paradoxes menacent cette idée simple. Nous pouvons les illustrer par quelques expériences de pensée.

dimanche 16 août 2015

A lire ailleurs : histoires consistantes et logique quantique

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Je signale un article de vulgarisation sur mon autre blog, que je juge un peu trop spécifique pour le faire paraître ici, mais qui pourrait intéresser certains lecteurs.

Il s'agit d'un article sur le formalisme des histoires consistantes, qui est une façon assez intuitive d'interpréter la mécanique quantique et de résoudre les problèmes conceptuels qu'elle pose. J'en profite pour introduire également la logique quantique, puisque le cadre est assez proche.

L'article est ici : http://ungraindesable.blogspot.fr/2015/08/linterpretation-des-histoires.html

mardi 23 juin 2015

Les classes naturelles (2) : classifications scientifiques et essentialisme

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Dans le dernier article, nous nous sommes demandé si la façon dont on classifie les objets du monde en types ou familles, notamment dans les sciences, correspondait ou non à un découpage réel dans la nature. Nous avons vu que plusieurs attitudes existent à propos des classes naturelles :
le constructivisme :
elles sont relatives à un point de vue humain, et peuvent être arbitraires ou conventionnelles.
le nominalisme :
il s'agit objectivement d'un bon découpage, mais qui ne correspond à rien dans la nature si ce n'est des ressemblances entre groupes d'individus.
le réalisme :
les classes naturelles existent dans la nature, et on peut éventuellement leur associer une essence (des propriétés intrinsèques qui identifient les membres de la classe, par exemple leur micro-structure).

Nous nous sommes intéressé la dernière fois à cette question principalement sous l'angle de la philosophie du langage, et nous avons vu que les arguments de Kripke et Putnam pouvaient nous faire tendre vers l'essentialisme : généralement, les termes que nous utilisons pour désigner des classes naturelles fonctionnent comme s'ils faisaient référence à de réelles entités dans la nature plutôt qu'à des agrégats de propriétés superficielles. Cependant comme nous l'avions remarqué, ce n'est pas parce que le langage fonctionne ainsi que les classes naturelles existent réellement et correspondent à des essences : nous pouvons très bien être dans l'erreur.

Aujourd'hui nous allons nous demander en quelle mesure l'essentialisme peut être défendu vis-à-vis des classifications produites par différentes disciplines scientifiques : la physique, la chimie, la biologie, la psychologie et la sociologie.

jeudi 11 juin 2015

Les classes naturelles (1) : La philosophie du langage

Salt water fish with Finnish text
Nous autres êtres humains adorons classer : les styles de musique, les livres sur nos étagères, les torchons et les serviettes... La science aussi produit des classifications : des êtres vivants, des étoiles, des minéraux ou des éléments chimiques...

En un sens presque tous les noms communs de notre langage constituent une classe : celle des objets qu'ils servent à nommer.

Mais nous ne pensons pas que toutes les classifications correspondent à un découpage naturel. Certaines sont orientées vers des buts pratiques, elles sont donc relatives à nos préoccupations d'êtres humains et nous sommes près à accepter qu'il y a une part d'arbitraire dans ce découpage, en tout cas qu'il ne correspond pas forcément à quelque chose d'objectif ou de naturel. Ce n'est certainement pas le cas à propos des artefacts, et la façon dont on classe les légumes ou les poissons pour nos besoins culinaires ou industriels, par exemple, ne correspond pas nécessairement à la façon dont les biologistes vont les classer en familles et espèces, ou encore, l'ensemble des objets blancs est tellement divers qu'il est douteux qu'il constituent une véritable classe naturelle d'objets. Il s'agit plutôt d'une propriété superficielle partagée par certains objets.

Dans le cas des classifications scientifiques cependant on peut être amené à penser que ce découpage correspond à quelque chose de naturel, qu'il s'agit d'une bonne façon de découper le monde et de regrouper les objets qui n'est pas arbitraire ou conventionnelle et orientée vers des buts particuliers, mais objective.

vendredi 24 avril 2015

Les objets mathématiques existent-ils ?

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Un des traits caractéristiques de la science moderne est une forte mathématisation des théories scientifiques, au moins depuis Galilée, qui affirmait que "la nature est un livre écrit en langage mathématique". Ce succès dans l'application des mathématiques au réel pourrait nous amener à penser que la connaissance mathématique n'est pas qu'une simple construction de l'esprit, qu'elle nous renseigne en quelque sorte sur le monde.

Mais voilà justement, l'avènement de la science moderne, avec Copernic, Galilée puis Newton, remettant en cause sur la base de l'expérimentation la physique d'Aristote (une physique essentiellement qualitative qui avait été érigée en dogme au cours du moyen âge), a jeté en même temps le doute sur l'idée qu'on puisse accéder par la seule raison à des vérités premières. C'est le fameux débat entre empirisme et rationalisme qui animait la philosophie des lumières (peut-être que nous y reviendrons prochainement sur ce blog), les empiristes défendant l'idée que toute connaissance est issue de l'expérience. Or les vérités mathématiques ne sont-elles pas connues a priori, par la pure raison, sans recours à l'expérience ?

samedi 28 février 2015

Les couleurs

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Un débat de prime importance a animé la toile ces derniers jours : il concerne la couleur d'une robe. L'occasion pour moi de vous parler de la philosophie des couleurs. Et oui, les couleurs sont un sujet de débat philosophique : c'est une question qui touche aux relations entre l'esprit et le monde physique et à la nature de la représentation et de l'expérience.

lundi 23 février 2015

Les probabilités

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Les probabilités jouent un rôle important en sciences, au moins depuis la mécanique statistique. On les retrouves dans de nombreuses disciplines (sinon toutes), notamment en biologie, en théorie des jeux ou en sciences humaines, où les outils statistiques sont omniprésents, ou encore en mécanique quantique, au cœur même de notre théorie fondamentale de la matière. Enfin elles ont pu aussi être utilisées en philosophie des sciences, par exemple pour tenter de construire des outils mesurant la crédibilité des théories scientifiques, ou encore pour fonder les rapports de causalité entre événements.

Pourtant leur statut n'est pas clair sur le plan philosophique : que veut-on dire quand on dit qu'un événement a une chance sur deux de se produire ? Ou qu'un hypothèse a 9 chances sur 10 d'être vraie ? Est-ce qu'il existe une interprétation unifiée des probabilités, ou est-ce qu'elles peuvent revêtir plusieurs aspects, parler de différentes choses ?

lundi 26 janvier 2015

La direction du temps

Bundesarchiv Bild 135-S-18-07-16, Tibetexpedition, Volksfest, Bogenschütze

Nous nous sommes intéressés dans le dernier billet à l'existence du présent, du passé et du futur. A l'occasion de cette semaine thématique sur le temps au c@fé des sciences, attaquons nous dès aujourd'hui à cette deuxième facette du temps : la direction du temps.

La question est de savoir s'il existe une direction intrinsèque au temps, du passé vers le futur, c'est à dire si la direction passée se distingue fondamentalement de la direction futur, et donc si parler d'écoulement du temps a un sens. Au programme, nous verrons les tentatives pour réduire cette flèche du temps à autre chose, inspirées par la thermodynamique. Si elles y parviennent, la direction du temps ne serait pas un aspect intrinsèque au temps: ce serait, disons, un effet de perspective. Mais nous nous intéresserons aussi aux contre-arguments de ceux qui ne sont pas convaincus par cette approche.

Mais d'abord, on peut commencer par relever quelques intuitions à ce sujet.

lundi 12 janvier 2015

Note de service

Ce blog a bientôt 1 an ! Merci à tous ces lecteurs, toujours plus nombreux. Je publie quelques informations pour vous faire patienter jusqu'au prochain article:

  • Comme certains l'auront remarqué au nouveau badge en haut à droite du site, je fais maintenant partie de la communauté c@fé des sciences qui réunit plusieurs blogs scientifiques.
  • Justement à ce propos, une semaine thématique sur le temps aura lieu du 26 janvier au 1er février, autour d'articles de plusieurs bloggers. L'occasion pour moi de publier un article sur la direction du temps, qui prendra la suite du dernier.
  • J'ai créé une page facebook dédiée à ce blog. J'y reprends pour l'instant les anciens articles, dans l'ordre de parution. Les nouveaux prendront ensuite le relai.
  • Si vous vous intéressez à la philosophie des sciences et êtes utilisateur de flipboard, j'ai également créé un magazine qui agrège des liens d'intérêts (scientifiques ou philosophiques). Le magazine est plus ciblé que mon compte twitter, sur lequel je partage des choses diverses et variées...

C'est tout pour aujourd'hui, à très bientôt !